Comment les Marocains mettront-ils fin à la normalisation ?

Comment les Marocains mettront-ils fin à la normalisation ?

Durant l’hiver 2020, le Maroc a rejoint la liste des pays normalisant leurs relations avec Israël. Ce jour-là, le souverain marocain n’a ressenti ni honte ni embarras en agissant à contre-courant d’une opinion publique majoritairement hostile à cette normalisation, fidèle à la cause palestinienne. Ni lui, ni son Premier ministre Saad Eddine El Othmani, pourtant issu d’un parti islamiste, n’ont pu dissimuler, même derrière leurs masques anti-Covid, l’humiliation que représentait une telle décision.

Beaucoup avaient rapidement perçu le danger de cette normalisation déguisée sous des termes trompeurs comme « accord de paix » ou « d’amitié », masquant en réalité une infiltration sioniste profonde dans les coulisses du palais royal marocain. Cette démarche ouvrait la voie à une coordination sécuritaire et militaire sans précédent au Maghreb et en Afrique du Nord.

Aujourd’hui, cinq ans après cet accord honteux, les véritables intentions sont révélées : Israël d’abord. Ni le Maroc ni le peuple marocain n’ont tiré bénéfice de cette soumission ; la grande perdante reste la Palestine, surtout après les derniers bombardements israéliens à Gaza, soutenus indirectement par Rabat qui avait ouvertement mis ses moyens militaires à la disposition de Tel Aviv.

Sur le plan militaire, dès le début de cette normalisation, Rabat a bénéficié d’un soutien technologique israélien permettant l’espionnage de dissidents, de journalistes et de responsables étrangers, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron, dont le téléphone a été piraté par des logiciels israéliens.

En 2023, Israël est devenu le troisième fournisseur d’armes du Maroc, fournissant notamment le système de défense aérienne « Barak MX » pour 500 millions de dollars, et établissant deux usines de drones kamikazes « Harop » sur le territoire marocain. Rabat a également acquis un satellite espion « Ofek » pour un milliard de dollars. Ces accords militaires, signés en pleine agression israélienne contre Gaza, suscitent de sérieuses interrogations quant à leur objectif réel et à leur timing.

Durant cette même guerre impitoyable contre les civils de Gaza, malgré les condamnations internationales et la colère populaire au Maroc, une frégate israé­lienne s’est ravitaillée au port de Tanger en carburant et provisions avant de poursuivre son chemin vers Gaza pour participer au massacre de civils, le tout avec l’aval officiel du souverain marocain, président du Comité Al-Qods.

Mais ce n’est pas tout. Tel Aviv et Rabat ont décidé d’élargir leur coopération militaire aux domaines du renseignement, de la défense aérienne et de la guerre électronique, selon un communiqué officiel de l’armée marocaine, transformant ainsi la terre marocaine en un espace d’alliance forcée avec l’occupant israélien.

Face à cette trahison, les Marocains n’ont jamais cessé de manifester leur rejet massif. Dès le 14 décembre 2020, une tentative de rassemblement devant le Parlement à Rabat avait été violemment dispersée par les autorités. Malgré cela, 65 organisations marocaines ont publié un communiqué commun dénonçant cette normalisation comme une « évolution dangereuse » et affirmant l’opposition totale du peuple marocain à ce choix.


Manifestations au Maroc contre la normalisation

Manifestations au Maroc contre la normalisation
Le souverain marocain a choisi de tourner le dos à son peuple qui refuse la normalisation avec Israël, défiant ainsi la volonté populaire et la voix libre des Marocains. À qui reviendra finalement la victoire ?

En décembre 2022, à l’occasion du deuxième anniversaire de cette normalisation, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation a organisé des manifestations simultanées dans plusieurs villes, dont Casablanca, Tanger et Meknès, confirmant le rejet populaire absolu.

Après l’offensive israélienne lancée contre Gaza le 7 octobre 2023, la colère populaire au Maroc s’est intensifiée. Le 15 octobre, une manifestation historique réunissant des milliers de citoyens de tous horizons idéologiques a eu lieu à Rabat, scandant « Tous contre la normalisation » et brûlant publiquement le drapeau israélien sous les yeux des médias officiels. Depuis cette date, les rassemblements de protestation, qui ont attiré jusqu’à 10 000 manifestants à Rabat fin décembre 2023, exigent sans ambiguïté la fin immédiate des relations avec Israël.

Même l’élite intellectuelle marocaine refuse cette complicité. Ainsi, l’ingénieure marocaine Ibtehal Abu Saad, employée chez Microsoft, n’a pas hésité à dénoncer publiquement la complicité de sa propre entreprise avec Israël, assumant courageusement le risque de perdre son emploi.

Ces évènements reflètent clairement l’ampleur et la continuité du rejet populaire marocain à l’égard de la normalisation. Ce rejet, qui s’étend des simples rassemblements aux manifestations massives impliquant tous les segments de la société, annonce un effondrement inévitable de cet accord impopulaire.

Les responsables marocains savent que leur décision est fermement contestée par leur peuple, un peuple libre qui ne saurait s’associer à des mains souillées par le sang des innocents de Gaza. Certes, le roi marocain peut encore tourner le dos à son peuple, comme il l’a fait lors de cet hiver 2020, mais cette position ne pourra pas durer éternellement. Car tôt ou tard, la rue marocaine aura le dernier mot, et il sera alors trop tard pour exprimer le moindre regret.

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