
Un ex-agent des renseignements fait éclater les secrets du Makhzen à l’étranger
Le journal français Le Monde a révélé, jeudi, les détails d’un règlement de comptes interne au sein de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services de renseignement extérieur marocains, après la fuite à l’étranger de l’un de ses anciens hauts responsables, Mehdi Hejjaoui.
Âgé de 52 ans, Mehdi Hejjaoui, ancien cadre de la DGED, a été contraint de quitter le Maroc pour échapper à des poursuites judiciaires pour "fraude" et "facilitation de l’immigration illégale". Selon ses avocats, ces accusations sont purement "politiques", visant à l’éliminer tant sur le plan professionnel que personnel.
Selon Le Monde, l’affaire a éclaté notamment après la prise de position publique de Hejjaoui en faveur des frères Ziatir, proches du roi Mohammed VI, ce qui a provoqué l’inquiétude de la "profonde structure de l’État" face à l’influence croissante de ces derniers dans les sphères du pouvoir.
Il lui est également reproché d’avoir remis personnellement au roi un "livre blanc sur le renseignement, la sécurité et la défense nationale", un geste interprété dans les cercles du pouvoir comme un signe de ses ambitions politiques, dans un contexte de luttes féroces entre clans influents en prévision de l’ère post-monarchique.
Toujours selon le quotidien français, les autorités marocaines ont lancé des poursuites contre plusieurs officiers de police ayant des liens professionnels ou personnels avec Hejjaoui. Sa famille serait également visée par des "harcèlements administratifs systématiques".
Le Monde précise que les autorités ont gelé les avoirs d’une dizaine de membres de sa famille et de celle de son épouse, et leur ont interdit de quitter le territoire. Plusieurs de ses amis auraient été condamnés pour "corruption" et "aide à une personne recherchée".
Les avocats français de Hejjaoui, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont annoncé leur intention de déposer une requête officielle auprès d’Interpol pour l’annulation du mandat d’arrêt international émis contre lui, affirmant qu’il s’agit d’une "affaire montée de toutes pièces à caractère politique, mettant en danger la vie de leur client".
En attendant la réponse de l’organisation internationale de police criminelle, Mehdi Hejjaoui — qui a occupé des postes de haut rang dans le renseignement extérieur marocain — reste en exil. L’affaire prend désormais une dimension internationale, dans un contexte de silence officiel marocain particulièrement remarqué.