La France réagit à la loi criminalisant la colonisation et qualifie la démarche de hostile
Le vote de l’Assemblée populaire nationale algérienne en faveur d’un projet de loi criminalisant la colonisation française et appelant Paris à présenter des excuses officielles pour une période ayant duré plus de 130 ans a suscité une réaction officielle virulente du côté français, révélant une nouvelle fois la fragilité du processus d’apaisement entre les deux pays.
Dans sa première réaction, le ministère français des Affaires étrangères a qualifié cette initiative parlementaire algérienne de « démarche clairement hostile », estimant qu’elle ne s’inscrit ni dans les efforts visant à relancer le dialogue bilatéral, ni dans ce que Paris décrit comme un travail « calme et équilibré » sur les dossiers liés à la mémoire historique commune.
Tout en affirmant ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des États, la diplomatie française, par la voix de son porte-parole, a exprimé son regret face à cette décision. Elle a rappelé les initiatives lancées ces dernières années par le président Emmanuel Macron concernant la question mémorielle, notamment la création d’une commission conjointe d’historiens algériens et français, présentée comme un mécanisme destiné à traiter cet héritage lourd en dehors des approches politiques conflictuelles.
Dans une tentative de contenir les répercussions de cette escalade, Paris a souligné qu’elle restait attachée à l’option de la reprise d’un « dialogue exigeant et constructif » avec l’Algérie, prenant en compte — selon ses termes — les intérêts vitaux de la France, en particulier dans les domaines sécuritaires, migratoires et de la coopération régionale.
Ce vote constitue un précédent dans l’histoire de l’institution législative algérienne, le Parlement ayant adopté, pour la première fois en séance publique, un texte de loi criminalisant explicitement la colonisation française. Cette démarche traduit un changement manifeste dans l’approche de la mémoire coloniale au sein de l’espace politique algérien.
Le nouveau texte juridique se compose de cinq chapitres et de 27 articles, recensant les différentes violations commises par la colonisation française et tenant l’État français pour responsable des actes perpétrés durant sa présence coloniale en Algérie.
La loi définit également les cadres juridiques permettant d’exiger une reconnaissance officielle et des excuses, tout en prévoyant des sanctions visant à criminaliser toute forme de glorification ou de promotion du colonialisme.
Dans ce contexte, le président de l’Assemblée populaire nationale, Ibrahim Boughali, a indiqué que l’adoption de ce projet revêt une dimension nationale d’une importance majeure, en raison de ses implications politiques, historiques et morales.
Il a souligné que l’objectif de cette législation ne repose pas sur une logique de vengeance ou de règlement de comptes avec le passé, mais vise plutôt à consacrer les faits historiques et à protéger la mémoire nationale contre toute tentative de négation ou de falsification, tout en insistant sur la nécessité pour la puissance coloniale d’assumer pleinement sa responsabilité concernant les crimes systématiques ayant touché l’homme, la terre et l’identité en Algérie.
Cette évolution intervient dans un contexte de tensions croissantes entre l’Algérie et la France, qui ont atteint leur paroxysme au cours des derniers mois.