
L’Algérie suspend les privilèges de voyage pour les diplomates français
Le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé, jeudi, que les visas délivrés aux titulaires de passeports français, qu’ils soient diplomatiques ou de service, seront désormais soumis aux mêmes conditions que celles imposées par la France à leurs homologues algériens.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réaction officielle ferme des autorités algériennes à une lettre adressée par le président français à son Premier ministre, suivie de clarifications fournies par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères au chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Paris.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a indiqué que la lettre française visait à "dédouaner entièrement la France de ses responsabilités" dans la dégradation des relations bilatérales, rejetant la totalité de la faute sur l’Algérie — une position qualifiée de "totalement éloignée de la réalité". Il a été souligné que les réactions algériennes ont toujours été guidées par le principe de réciprocité.
Annulation de l’accord diplomatique
Le ministère a précisé que l’Algérie n’avait jamais sollicité la conclusion d’un accord exemptant les titulaires de passeports diplomatiques de visa ; cette initiative a toujours émané du côté français.
En réponse à la suspension de cet accord par Paris, l’Algérie a décidé de le dénoncer à son tour, avec une notification officielle à venir au gouvernement français, conformément à l’article 8 de l’accord en question.
Accusation directe de violations des accords bilatéraux
Dans son communiqué, Alger accuse directement Paris d’avoir enfreint plusieurs accords bilatéraux, notamment l’accord de 1968 sur la libre circulation des Algériens, l’accord consulaire de 1974, et l’accord de 2013 sur l’exemption de visa.
La France est également tenue responsable de la violation de ses engagements au titre de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, notamment par des expulsions arbitraires de ressortissants algériens, les privant de tout recours juridique.
Rejet de la politique "visa contre expulsion"
En réponse à la mise en œuvre par la France de la politique dite "visa contre expulsion", l’Algérie a affirmé que cette pratique constitue une violation flagrante du droit international.
Elle a réitéré son engagement à défendre les droits de ses ressortissants en France par le biais de la protection consulaire, dénonçant "toutes formes d’abus et de violations".
Le dossier des consuls et le principe de réciprocité
Le communiqué a également évoqué les obstacles mis par la France à l’accréditation de plusieurs diplomates algériens depuis plus de deux ans, y compris trois consuls généraux.
L’Algérie a souligné qu’elle n’a fait qu’appliquer le principe de réciprocité, précisant que la levée de ces blocages entraînera une réponse équivalente de sa part.
En conclusion, l’Algérie a réaffirmé sa disposition à discuter d’autres dossiers en suspens par les canaux diplomatiques, dans une optique de règlement global des différends avec la France.