Biyouna, une légende algérienne entre audace et talent Culture

Biyouna, une légende algérienne entre audace et talent

Biyouna, de son vrai nom Bahia Bouzar, s’est éteinte à 73 ans, laissant derrière elle un héritage artistique inoubliable. Née dans une famille artistique à Alger, elle a exploré la danse, le chant et surtout le cinéma et la télévision, devenant une icône nationale et internationale.

Après des années de contribution artistique qui ont fait sourire les Algériens même dans leurs moments les plus sombres, la star Biyouna nous a quittés, souriante et heureuse, comme l’a confirmé son amie proche Zola, laissant derrière elle un héritage indélébile de joie et d’art pur.

Biyouna, de son vrai nom Bahia Bouzar, est décédée à l’âge de 73 ans à l’hôpital de Beni Messous, où elle recevait des soins suite à des problèmes pulmonaires et des difficultés respiratoires. Bien qu’elle aurait pu se faire soigner à l’étranger, la star algérienne a préféré rester en Algérie, déclarant : « Je ne veux pas être une source de battage médiatique dont pourraient profiter des parties extérieures. »

Danse et chant : des expériences qui ont forgé une artiste complète

Biyouna avait confié dans des interviews télévisées qu’elle rêvait d’être danseuse, mais le hasard l’a conduite au monde du cinéma et de la télévision, où elle a construit une carrière légendaire en théâtre, cinéma et musique.

Née dans un quartier populaire, Belcourt, au cœur d’Alger, elle a grandi dans une famille artistique : sa sœur Faïza était chanteuse, son oncle Cheikh Mahmoud chanteur et musicien, un autre oncle sahraoui jouait du “tar” (instrument de percussion populaire), et sa mère travaillait comme caissière dans une salle de cinéma.

Accompagnant sa sœur à des concerts, elle a développé très tôt son amour pour l’art, rejoignant plus tard une chorale. En parallèle, elle nourrissait une passion secrète pour le théâtre, en suivant sa mère dans les salles de cinéma. Elle a également intégré une troupe de danse et participé à des mariages en tant que danseuse et chanteuse, avant de produire un album en France, faisant d’elle une artiste complète, même si sa renommée a surtout brillé à l’écran.

Du hasard à des rôles audacieux : un éclat dépassant l’Algérie

Biyouna a été introduite au cinéma par le réalisateur Mustafa Bediâ, devenant une icône artistique éternelle, mêlant audace et sincérité. Lors d’un casting pour la série Dar El Sbitar, elle s’est présentée comme simple visiteuse et a eu un échange tendu avec le réalisateur. Quand elle a dit : « Ce rôle est très simple, pourquoi tout ce stress ? », Bediâ a répondu : « Alors montre-nous ce que tu sais faire ». Peu après, impressionné par son talent, il lui confie le rôle qui reste gravé dans la mémoire des Algériens.

De Dar El Sbitar, sa carrière légendaire a dépassé les frontières algériennes, l’emmenant sur le tapis rouge du Festival de Cannes et la plaçant parmi les artistes les plus célèbres du monde arabe. Elle a participé à des séries dramatiques et comiques comme Dar El Sbitar ou Nas Malah City, ainsi qu’au film El Hafil, et s’est illustrée dans des films audacieux tels que Delice Paloma, Viva L’Algérie ou À mon âge, je cache encore pour fumer, portant le cinéma algérien à l’international.

Sincérité et courage : le secret de l’amour du public pour Biyouna

La force et le courage de Biyouna ne se limitaient pas à ses rôles artistiques audacieux, mais se manifestaient dans sa sincérité et l’image qu’elle projetait de la femme algérienne indépendante, refusant de se conformer aux stéréotypes traditionnels.

Son courage et son patriotisme se sont également révélés lorsqu’elle a choisi de rester en Algérie pendant la “décennie noire”, à une époque où les artistes, surtout les femmes, étaient menacés. Elle ne s’est rendue en France qu’en 1999, après la fin de cette période difficile.

Dans une interview avec la chaîne française TV5 Monde, elle déclarait : « Je suis une femme très, très libre, née libre et je mourrai libre. Personne n’a réussi à me faire taire, même pendant la décennie noire, car je suis ainsi et je ne peux pas faire semblant. C’est pour cela que les gens m’aiment, et cela dérange certains à cause de ma sincérité. »

Elle a également affirmé dans une interview à France 2 en 2012 que certains hauts responsables étaient dérangés par elle, mais que le peuple l’aimait profondément.

Dans une interview avec la chaîne algérienne Echourouk, elle déclarait : « On m’a longtemps combattue, pris des photos et des vidéos, mais le peuple me connaît bien et sait que je suis ‘zahwania’ (joyeuse et amoureuse de la vie)… J’aime beaucoup la vie. »

Biyouna n’a jamais eu besoin de créer une image artificielle pour gagner l’affection du public ou l’acceptation de la société. Elle a offert aux Algériens des sourires inoubliables et des scènes dramatiques mémorables, inscrivant son nom dans la mémoire collective et propulsant l’art algérien au-delà des frontières. Biyouna s’en est allée, mais elle laisse une empreinte indélébile et une mémoire vivante gravée dans le cœur de ses fans.

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