
Explosion d’un pétrolier au large de la Libye : simple accident ou guerre énergétique clandestine ?
Le pétrolier Vilamoura a été victime d’une explosion soudaine le vendredi 27 juin, alors qu’il naviguait au large des côtes libyennes, provoquant une fuite et l’inondation de la salle des machines.
Le navire, long de 274 mètres et battant pavillon des Îles Marshall, faisait route depuis le port de Zouitina en Libye vers Gibraltar.
Le pétrolier est géré par la compagnie grecque TMS Tankers, qui a indiqué qu’un bateau-pompe avait été dépêché pour le remorquer vers le sud de la Grèce.
Dans un communiqué relayé par le journal français Le Figaro, la société a précisé que l’explosion n’avait fait ni blessé ni pollution.
Les images du navire montrent que l’explosion s’est produite à l’intérieur, des éclats ayant traversé deux cloisons de la coque. Le Vilamoura transportait un million de barils de pétrole.
Selon Le Figaro, les services de renseignement ukrainiens accusent le pétrolier de faire partie de la « flotte fantôme » chargée de transporter secrètement du pétrole russe.
Ils affirment que le Vilamoura avait déjà chargé du pétrole dans des ports russes, notamment à Oust-Louga en avril et à Novorossiïsk en mai.
L’armateur a déclaré que les cargaisons provenaient du Kazakhstan, bien qu’elles aient été embarquées dans des ports russes, selon le quotidien italien La Repubblica.
Des responsables ukrainiens assurent que le Vilamoura fait partie d’une série de pétroliers ayant subi des explosions mystérieuses après avoir quitté des ports liés à la Russie.
Ils estiment que ces événements s’inscrivent dans les activités du réseau dit du « pétrole de l’ombre », utilisé par le Kremlin pour contourner les sanctions.
Des scénarios possibles, mais aucun élément confirmé
Le Figaro évoque des allégations selon lesquelles Moscou utiliserait ces ports pour faire passer en contrebande des hydrocarbures destinés à financer son économie de guerre, selon les accusations de Kyiv.
En 2022, les autorités ukrainiennes avaient inscrit la société TMS sur leur liste noire, avant de la retirer en 2023 grâce à une médiation européenne.
Mais le 30 juin, une chaîne affiliée au renseignement ukrainien a qualifié explicitement le Vilamoura de membre de la flotte de contrebande, le décrivant comme « un élément de la flotte fantôme qui commerce du pétrole russe ».
Ces déclarations alimentent les soupçons d’un éventuel rôle ukrainien dans l’incident, notamment après un rapport de la société spécialisée Ambrey en mars dernier — entreprise experte en sécurité maritime et en risques globaux.
Ce rapport indiquait que la nature des attaques suggérait l’implication d’un « acteur étatique », selon La Repubblica.
Toutefois, Le Figaro évoque d’autres hypothèses, comme celle d’une attaque sous fausse bannière destinée à incriminer des agents ukrainiens.
Il est aussi envisagé que l’explosion résulte d’affrontements entre milices libyennes rivales cherchant à contrôler le marché pétrolier.
L’incident survient dans un contexte sécuritaire tendu à Tripoli, où le chaos menace toujours l’équilibre politique.
À ce stade, les circonstances exactes de l’explosion demeurent floues, faute de preuves tangibles venant confirmer l’une ou l’autre des théories avancées.