
Origines européennes pour la majorité des habitants d’Algérie et de Tunisie : une nouvelle étude bouleverse les hypothèses historiques
Les historiens ont longtemps cru que l’est du Maghreb, englobant l’Algérie et la Tunisie, n’était qu’un simple récepteur passif des influences du Néolithique.
Cependant, une étude scientifique récente vient remettre en question cette hypothèse, révélant un modèle fascinant de continuité génétique et des liens anciens inattendus entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Des origines européennes à hauteur de 80 %
Dans une découverte surprenante, l’analyse de l’ADN extrait d’ossements et de dents de personnes ayant vécu dans le nord-est de l’Algérie et en Tunisie entre 6 000 et 10 000 ans avant notre ère a révélé que jusqu’à 80 % des ancêtres de certains habitants provenaient de populations de chasseurs-cueilleurs et d’agriculteurs européens.
Ce constat bouleverse les connaissances actuelles sur les migrations humaines anciennes dans la région.
Selon cette étude, publiée dans la revue "Nature", les chasseurs européens auraient atteint les côtes nord-africaines en bateau il y a environ 8 500 ans, soulevant ainsi de nouvelles interrogations sur le niveau de développement de la navigation maritime à cette époque lointaine.
Une flexibilité génétique et culturelle remarquable
Contrairement à d’autres régions du monde où les migrations européennes ont conduit à un remplacement massif des populations locales, l’Afrique du Nord a connu une transmission progressive des savoirs et des pratiques agricoles.
L’étude a révélé que les populations autochtones ont conservé une grande flexibilité génétique et culturelle, restant largement indépendantes des transformations agricoles majeures qui ont marqué d’autres parties du monde.
Des routes maritimes actives il y a 8 500 ans
L’une des découvertes les plus marquantes appuyant cette théorie est la présence d’obsidienne en provenance de l’île de Pantelleria, située dans le détroit de Sicile, retrouvée sur des sites archéologiques en Tunisie.
Ce fait suggère que des routes maritimes existaient déjà entre les rives nord et sud de la Méditerranée il y a plusieurs millénaires, facilitant ainsi les échanges et les interactions humaines.
Bien qu’aucun vestige de bateaux de cette époque n’ait été retrouvé en Afrique du Nord, la découverte de pirogues vieilles de 7 000 ans dans le lac de Bracciano, en Italie centrale, laisse penser que la navigation en haute mer était techniquement possible dès cette époque.
Des origines anciennes liées au Levant
Les surprises ne s’arrêtent pas là. L’étude a également mis en évidence une empreinte génétique ancienne en Afrique du Nord, associée au Levant, et qui précède l’arrivée des agriculteurs européens de plusieurs siècles.
Cette signature génétique pourrait être attribuée aux premiers éleveurs de la région, qui auraient introduit des animaux domestiques tels que les moutons et les chèvres, illustrant ainsi le rôle clé du Proche-Orient dans la diffusion des techniques d’élevage et de production alimentaire.
Réécriture de l’histoire de l’Afrique du Nord
Ces découvertes révèlent que la transition vers un mode de vie agricole en Algérie et en Tunisie ne s’est pas faite par le biais d’une migration massive unique, mais plutôt par une dynamique évolutive marquée par des échanges culturels et des migrations progressives.
Grâce aux avancées dans l’analyse de l’ADN ancien, les scientifiques réécrivent désormais l’histoire de l’Afrique du Nord, dévoilant un réseau complexe d’interactions entre l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord depuis la préhistoire.
Des processus dont l’impact reste visible aujourd’hui dans la composition génétique des populations modernes.