Mohammed VI reçoit les ministres des Affaires étrangères du Sahel en pleine crise avec l’Algérie

Le roi du Maroc Mohammed VI reçoit les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des pays du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso)

Cette rencontre intervient dans un contexte de vive crise diplomatique entre ces pays et l’Algérie.

Une initiative royale illusoire

Rabat a renouvelé lors de cette réunion la proposition de l’initiative royale présentée par Mohammed VI aux pays sahéliens enclavés.

De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des pays du Sahel ont exprimé leur engagement à accélérer la mise en œuvre de l’initiative marocaine visant à "permettre à leurs pays d’accéder à l’océan Atlantique".

Réactions à l’initiative

Le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, a salué l’initiative, estimant qu’elle intervient à un moment où les pays du Sahel vivent une sorte de confinement politique et économique.

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a également souligné l’importance de diversifier les accès à la mer pour les trois pays.

Quant au chef de la diplomatie nigérienne, Bakary Yaou Sangaré, il a affirmé que ce projet représente une précieuse opportunité pour les trois États.

Cette initiative, qui vise à permettre aux pays sahéliens enclavés d’accéder à l’océan Atlantique, est qualifiée d’illusoire dans la mesure où ces États ne partagent aucune frontière avec le Maroc.

La carte géographique indique que le passage des marchandises depuis ces pays vers la côte atlantique marocaine exigerait un transit par la Mauritanie puis par le territoire du Sahara occidental, avant d’atteindre le Maroc.

Rabat cherche ainsi à faciliter leur accès à l’océan via le Sahara occidental, dans une tentative de faire reconnaître la prétendue “marocanité” de ce territoire.

Dans une déclaration précédente à la plateforme “Awras”, Mohamed El Amine, chargé de communication à l’ambassade sahraouie en Algérie, a qualifié cette initiative de nouvelle provocation, destinée à séduire les pays du Sahel par des promesses irréalisables.

Il a ajouté que la région de l’Atlantique est marquée par un conflit et ne peut être exploitée qu’une fois le Sahara occidental devenu indépendant.

Le responsable sahraoui a insisté sur le fait que l’initiative constitue une tentative du Maroc de convaincre l’opinion publique internationale qu’il a consolidé son contrôle sur les territoires sahraouis.

Il a également affirmé : « Ce que fait le Maroc dans le Sahel est une forme de manœuvre destinée à tromper certains pays africains, à créer davantage d’instabilité dans la région, à exporter ses propres échecs et à détourner l’attention de l’opinion publique marocaine mécontente de la politique défaillante du Makhzen ».

Mohammed VI avait lancé cette initiative pour la première fois en 2023, sans qu’aucun progrès concret n’ait été réalisé depuis.

Le souverain marocain remet aujourd’hui le projet sur la table, alors qu’éclate une crise entre l’Algérie et le Mali, lequel tente d’y impliquer le Burkina Faso et le Niger.

Rabat chercherait à exploiter cette crise pour se rapprocher de l’Alliance des pays du Sahel, dirigée par des putschistes dépourvus de légitimité.