Les côtes algériennes, troisième point de départ des harraga vers l’Espagne

Un rapport récent publié par l’Agence espagnole de sécurité nationale révèle des changements notables dans les dynamiques de la migration irrégulière vers l’Espagne en 2024, signalant une légère baisse du nombre d’arrivées en provenance du Maroc et de l’Algérie, contre une nette augmentation des migrants originaires des pays du Sahel.

Selon le rapport, la route de la Méditerranée occidentale, reliant les côtes marocaines et algériennes au sud de l’Espagne (Andalousie et îles Baléares), demeure « active », malgré une baisse de 6 % de son activité par rapport à l’année précédente, en raison du renforcement de la surveillance des frontières et de l’intensification de la coordination sécuritaire avec les autorités espagnoles.

Malgré ce recul, cette voie maritime reste l’une des plus dangereuses. L’Organisation de surveillance des migrations l’a classée comme la deuxième route la plus meurtrière après celle des îles Canaries.

D’après les statistiques, 464 migrants algériens ont perdu la vie en 2022 à la suite de naufrages, tandis que le nombre total de victimes algériennes entre 2018 et 2022 s’élève à environ 1 583 personnes.

Le rapport souligne également un changement notable dans la composition des migrants : ceux en provenance des pays d’Afrique subsaharienne représentent désormais 72 % des migrants irréguliers par voie maritime en 2024, contre 62 % en 2023. La Mauritanie est devenue le principal pays de départ des migrants à destination des côtes espagnoles, avec plus de 25 000 personnes, soit l’équivalent du nombre total de départs depuis le Maroc et l’Algérie. À l’inverse, la proportion de migrants maghrébins — notamment marocains, traditionnellement majoritaires — a diminué.

À noter que l’Algérie occupe la troisième place en nombre de départs depuis ses côtes, après le Maroc et la Mauritanie.

Par ailleurs, le rapport précise que plus de 12 000 migrants sont partis d’Algérie en 2024. Les nationalités les plus représentées parmi les arrivées sur les côtes espagnoles sont les Maliens (15 261), les Sénégalais (11 824), les Algériens (9 552) et les Marocains (6 945). Le rapport signale également une hausse des demandes de protection internationale émanant de migrants venus de la région du Sahel.

Dans ce contexte, le rapport met en garde contre une possible intensification de la pression migratoire à l’avenir, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, notamment au Mali, pays voisin de la Mauritanie, en proie à de graves troubles, et en raison de ce que le rapport qualifie de « présence russe influente » dans la région.