Le zellige algérien, une pièce maitresse de l’architecture maghrébine, témoigne de l’excellence des artisans algériens, révélant l’héritage unique de la région
Le Zellige : Une Origine Algérienne au Cœur du Maghreb
Le zellige, ce magnifique carreau de céramique ornemental qui pare de nombreuses constructions historiques du Maghreb, est depuis des siècles au centre de nombreuses discussions quant à ses origines. Tradition et excellence se rencontrent à travers ce carrelage méticuleusement décoré, et il est précieux de noter que ses racines s’enfoncent d’abord en Algérie. Alors que les discussions récentes ont souvent polémiqué sur une possible origine marocaine, l’étude des sources historiques et des témoignages contemporains pointe vers une naissance du zellige sur le sol algérien, avant de s’étendre à travers tout le Maghreb.
L’Algérie, terre riche d’histoire et de patrimoine, s’est affirmée comme un bastion de l’art architectural maghrébin et le zellige n’échappe pas à cette règle. Ce carreau de faïence, semblable à la mosaïque, témoigne de la subtilité artistique et de la maîtrise technique de l’artisanat algérien qui a su évoluer à travers les siècles tout en préservant son authenticité.
L’Art du Zellige dans les Palais Algériens : Un Trésor Historique
Le quartier historique de la Casbah d’Alger renferme parmi les plus belles expressions de l’art du zellige en Algérie. Ces mosaïques colorées et lumineuses ornent les murs des palais tels que le palais Mustafa Pacha, recouvert de plus de 500 000 carreaux de zellige de divers motifs géométriques et floraux. Ce palais, ainsi que bien d’autres édifices dans la Casbah, témoigne de la finesse du travail manuel des artisans algériens qui continuent d’émerveiller les visiteurs par la beauté de leurs œuvres.

Les zelliges se distinguent par la diversité des motifs employés, notamment les motifs géométriques et floraux, représentatifs de l’âme architecturale maghrébine. L’évolution de ces ornements se fait le reflet de l’épanouissement de l’Algérie à travers différentes époques, depuis l’âge de la dynastie rustumide jusqu’’au règne des Zianides de Tlemcen et l’ère ottomane. Chaque époque a laissé sa propre signature sur le zellige, offrant un large spectre de styles à la richesse inégalée.
Une Traditon Enracinée : De la Terre à la Couleur
Le processus de création du zellige algérien commence par la collecte d’argile, qui est ensuite malaxée, séchée, et cuite à haute température avant d’être émaillée. Chaque carreau est ensuite découpé manuellement en motifs précis, témoignant de l’habileté et de la patience des artisans qui s’engagent dans cette discipline. L’usage des couleurs est aussi le résultat d’un savoir-faire local évolué ; les pigments issus de minéraux naturels tels que le cobalt pour le bleu ou le cuivre pour le vert sont mélangés avec soin pour produire les couleurs vibrantes caractéristiques des zelliges algériens.
Dès le XIe siècle, sous la dynastie des Hammadites, les premières formes de zelliges ont été introduites en Algérie. La ville de Béjaïa, connue comme étant un grand centre culturel et artistique, a été à l’origine de nombreuses innovations dans le domaine du zellige. Le style des Hammadites s’est diffusé par la suite vers d’autres parties du Maghreb, à travers des échanges et des influences mutuelles qui ont enrichi l’ensemble du patrimoine maghrébin.
Zellige Algérien et Maghrébin : Une Héritage Partagé
L’art du zellige ne se limite pas aux frontières algériennes, il incarne un patrimoine maghrébin partagé, enrichi par la contribution des différentes cultures de la région. Bien que les sources indiquent que l’Algérie soit à l’origine de cet art, il est clair que la région tout entière, incluant le Maroc et la Tunisie, a contribé à le façonner. Les réalisations en Algérie, telles que les zelliges de la Casbah d’Alger ou de Tlemcen, ont inspiré des artisans dans d’autres pays du Maghreb, créant ainsi une unité culturelle et artistique.
Dans cette video, Dr Doumir explique l’origine du zellij
Ainsi, le zellige peut être considéré comme un liant de l’identité maghrébine, une pièce d’histoire commune que chaque pays a développé à sa façon tout en gardant les traits distinctifs qui relient la région. Cette unité artistique est visible dans les similitudes de conception et d’exécution entre les zelliges de la Grande Mosquée de Tlemcen, ceux de la médina de Fès au Maroc, et ceux de Kairouan en Tunisie.
Le Rôle des Artisans : Héritiers d’un Savoir-Ancêtre
L’art du zellige en Algérie repose entre les mains d’artisans dévoués qui, depuis des générations, cultivent ce savoir-faire hérité de leurs ancêtres. Ces « gardiens de la tradition », comme aimait les appeler l’artisan Tareq Terki, sont les véritables garants de la pérennisation du zellige. Tareq, artisan reconnu, a notamment contribué à la restauration du palais Hassan Pacha ainsi qu’à d’autres projets prestigieux comme l’ornementation du nouvel aéroport d’Alger selon "ArabicPost".
Le témoignage de Tareq met en lumière les transformations qu’a connues l’artisanat du zellige, des procédés traditionnels utilisant des fours à bois et des colorants d’origine végétale jusqu’’aux techniques plus modernes faisant appel à des cuissons à haute température et des colorants chimiques. Ces évolutions, loin d’affaiblir l’art du zellige, ont permis de le rendre plus adaptable et présent sur des infrastructures contemporaines, tout en préservant la beauté originelle de ce carrelage coloré.
Le Zellige comme Symbole Culturel Algérien
Aujourd’hui, le zellige n’est pas seulement un simple élément de décoration, il incarne un symbole de l’identité culturelle algérienne. Les polémiques autour de son origine montrent à quel point cet art est chéri et revendiqué par le peuple algérien, désireux de préserver un héritage précieux. Les institutions culturelles, telles que le Ministère de la Culture et des Arts, se sont engagées à faire inscrire l’art du zellige au patrimoine immatériel de l’UNESCO, témoignant de son importance en tant que fierté nationale.
Les efforts sont également visibles à travers des initiatives privées et communautaires pour relancer la production locale de zelliges traditionnels et sensibiliser les nouvelles générations à la valeur de cet art. Le zellige, dans sa splendeur et son histoire, se dresse ainsi comme un symbole de résistance culturelle, témoignant de la pérennité d’une tradition séculaire face aux défis modernes.

En conclusion, le zellige, bien que revendiqué par plusieurs pays du Maghreb, trouve ses origines profondes en Algérie, témoignant de la richesse de l’histoire de cette région et de son patrimoine artistique. Plus qu’une simple décoration, il représente une part importante de l’identité culturelle algérienne, marquée par des influences partagées, mais aussi par une originalité unique qui le distingue comme un trésor maghrébin inestimable.