
Le fer algérien dans le collimateur de Washington : une enquête américaine pourrait imposer de lourdes taxes
La Commission américaine du commerce international a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur les importations de barres d’armature en acier en provenance d’Algérie, ainsi que de Bulgarie, d’Égypte et du Vietnam. Cette décision fait suite à une plainte déposée par la Coalition pour un commerce équitable des barres d’armature, accusant ces pays de pratiquer le dumping et de bénéficier d’un soutien gouvernemental pour la production et l’exportation de ce type d’acier.
L’enquête concerne spécifiquement les barres d’armature utilisées dans le béton armé, et pourrait aboutir à l’imposition de droits compensateurs et antidumping, mettant ainsi en péril les exportations de fer des pays concernés vers le marché américain.
Accusations de dumping et de subventions étatiques
Selon le cabinet de conseil juridique White & Case, la plainte accuse l’Algérie, l’Égypte et le Vietnam d’exporter leurs produits vers les États-Unis à des prix inférieurs à leur juste valeur, en violation flagrante des lois commerciales américaines.
Le document affirme également que les gouvernements de ces pays — y compris le gouvernement algérien — fourniraient un soutien direct à la production et à l’exportation, ce qui justifierait, selon les plaignants, l’application de droits compensateurs.
Chiffres significatifs et accusations lourdes
La plainte contient des données détaillées sur les volumes des importations de fer algérien : celles-ci sont passées de 294 200 tonnes en 2021 à 485 800 tonnes en 2023, avant de chuter à 226 800 tonnes en 2024, puis à seulement 31 500 tonnes au premier trimestre de 2025. Ces variations soulignent une forte instabilité dans les exportations algériennes, en parallèle à la pression commerciale croissante.
Voici les marges de dumping présumées réclamées dans la plainte pour chaque pays :
Algérie : entre 145,16 % et 166,38 %
Égypte : entre 110,99 % et 129,89 %
Vietnam : 115,44 %
Bulgarie : 27,57 %
L’Algérie dans le sillage des taxes américaines
En octobre dernier, le président américain Donald Trump avait annoncé l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les importations d’acier, y compris en provenance de pays alliés des États-Unis. Ces droits variaient entre 10 % et 49 %.
L’Algérie n’a pas été épargnée par ces mesures, et figure parmi les pays arabes les plus touchés, avec un taux estimé à 30 %.
Selon les chiffres enregistrés en 2024, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et les États-Unis est estimé à environ 3,5 milliards de dollars.