Lakhdar Brahimi met en garde contre les répercussions de l’infiltration de l’entité israélienne au Maroc
L’ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, a mis en garde contre l’augmentation de l’influence israélienne au Maroc, indiquant que cette pénétration se produit malgré les manifestations continues qui secouent la rue marocaine.
Brahimi a expliqué que les Marocains, jeunes et moins jeunes, sortent presque quotidiennement pour protester contre l’entité israélienne, alors que cette dernière s’enracine progressivement au Maroc.
Dans un entretien accordé à Global Africa Telesud, le diplomate onusien a souligné que ces évolutions suscitent de sérieuses interrogations quant à l’avenir de la coopération maghrébine, au moment où la région traverse une crise persistante depuis des décennies.
Il a mis en avant que les raisons entravant l’Union du Maghreb résident dans l’incapacité de ses principaux pays — l’Algérie, la Tunisie et le Maroc — à s’organiser efficacement, laissant chaque État confronté à des problèmes internes complexes.
Brahimi a également souligné que les différends bilatéraux entre les pays du Maghreb contribuent à aggraver l’impasse actuelle, notamment en ce qui concerne la question du Sahara occidental.
Malgré cela, il a exprimé son espoir que les efforts actuellement entrepris au sein des trois pays permettront de dépasser cette crise à l’avenir.
Lecture des transformations internationales
Lakhdar Brahimi a indiqué qu’il craignait il y a quelques années l’éclatement d’une guerre mondiale, avant de constater que les grandes puissances, comme les États-Unis, la Chine et la Russie, ne souhaitent pas un conflit généralisé.
Il a également exprimé son inquiétude quant à l’impact du mandat du président américain Donald Trump sur la stabilité mondiale.
Et d’ajouter : « Trump a bouleversé beaucoup d’équilibres, rendant les prochaines années chargées d’incertitudes ».
Selon lui, Gaza représente le point névralgique de la crise mondiale. Il a expliqué que ce qui s’y passe relève d’un acte génocidaire connu de tous, y compris de ceux qui le commettent, même s’ils refusent de l’admettre.
Brahimi a critiqué l’Occident, qu’il accuse d’avoir renié tous les principes qu’il proclamait en matière de droits humains.
Il a insisté sur le fait que l’ONU demeure indispensable, malgré les critiques dont elle fait l’objet, et qu’il est impossible de s’en passer.
Qui est Lakhdar Brahimi ?
Lakhdar Brahimi est l’une des figures diplomatiques les plus influentes ayant contribué à la résolution de nombreux conflits internationaux sous l’égide des Nations unies et d’autres organisations internationales.
Il a entamé très jeune son parcours politique, représentant le Front de libération nationale à Jakarta à l’âge de 22 ans.
Il a ensuite occupé le poste d’ambassadeur d’Algérie au Royaume-Uni entre 1971 et 1979, avant de devenir assistant du secrétaire général de la Ligue arabe entre 1984 et 1991.
Brahimi a été ministre des Affaires étrangères de l’Algérie au début des années 1990. Il a également été envoyé spécial des Nations unies en Afghanistan puis en Irak, avant d’être nommé envoyé conjoint de la Ligue arabe et de l’ONU en Syrie après la démission de Kofi Annan.
Il s’est illustré par ses négociations internationales réussies, notamment en dirigeant les missions d’accompagnement électoral en Afrique du Sud en 1994, qui ont abouti à l’élection de Nelson Mandela, ainsi qu’en Haïti et en Afghanistan.
Il a aussi été envoyé spécial en Irak après la guerre de 2003, puis a travaillé sur le dossier syrien entre 2012 et 2014.