
L’Algérie ajoute la Saoura à la liste des réserves culturelles protégées
Le directeur de la culture de la wilaya de Béchar, Lahcen Torki, a annoncé, en marge des activités du Mois du patrimoine, le 18 avril 2025, l’inscription de la réserve culturelle « Saoura » au registre du patrimoine culturel national.
Selon un communiqué des services du secteur de la culture et des arts de Béchar, cette inscription constitue un nouvel acquis qualitatif dans le processus de protection et de valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel ainsi que de la biodiversité dont regorgent les régions de Béchar et Béni Abbès, dans le sud-ouest de l’Algérie.
Ce classement couvre une superficie totale estimée à 92 014 hectares, s’étendant de l’oued Lekhder au nord de Béchar jusqu’à la région de Kasabi, au sud de Béni Abbès.
La même source précise que la réserve culturelle de la Saoura n’est pas seulement un espace géographique, mais un prolongement temporel qui préserve un riche héritage, allant de la préhistoire jusqu’à l’époque des ksour traditionnels en terre battue.
La région comprend des stations de gravures rupestres parmi les plus importantes d’Afrique du Nord, notamment celles de Marhouma à Béni Abbès, Taghit, Abadla et Rousf Ettayba à Béchar.
Elle abrite également des sites à forte symbolique historique nationale, comme la grotte de Laghroute, vieille de plus de mille ans, qui a servi de centre de commandement pour l’Armée de libération nationale pendant la guerre de libération, selon Hamid Nougal, coordinateur du patrimoine culturel à la direction et ancien membre du comité du projet.
L’intégration de la Saoura dans la liste des réserves culturelles nationales contribuera à renforcer le réseau des réserves algériennes, qui couvre plus de 44 % du territoire national et s’étend à travers dix wilayas du Sud.
Ce réseau comprend des réserves bien connues telles que le Hoggar, le Tassili n’Ajjer, l’Atlas saharien, ainsi que les régions de Tuat, Gourara et Tidikelt.
La nouvelle réserve contient également un patrimoine architectural remarquable, avec 76 ksour traditionnels, dont trois sont classés au niveau national : le ksar de Béni Abbès, celui de Taghit et celui de Kenadsa.
Le classement ne se limite pas à l’aspect culturel, mais englobe aussi la biodiversité unique de la région de la Saoura.
On y recense plus de 200 espèces végétales, dont environ 20 endémiques, ainsi que diverses espèces animales sahariennes et 107 espèces d’oiseaux aquatiques, tels que le canard sauvage rouge, le héron cendré, les flamants roses et les mouettes.
Cela fait de la réserve un outil efficace pour la protection de l’écosystème local, un cadre propice aux études environnementales et scientifiques, tout en jouant un rôle de sensibilisation à la culture de la durabilité écologique et culturelle.
Enfin, le territoire de la Saoura est riche d’un patrimoine immatériel varié, allant de la poésie populaire (melhoun) à la musique traditionnelle comme le Diwan, la Maya et les chants religieux, en passant par les danses populaires telles que le Houbi, le Baroud et le Gnaoua (Karkabou), autant d’expressions corporelles et artistiques profondément ancrées dans la mémoire de la région.