
Hydrocarbures : Washington et Rome renforcent leur présence en Algérie, Paris à la traîne
Des entreprises françaises perdent sur le marché énergétique algérien, alors que le pays se prépare à accueillir de grands investisseurs internationaux dans le secteur du pétrole et du gaz.
Selon le magazine spécialisé MEES, qui analyse les économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’Algérie attire de grandes entreprises à travers son premier appel d’offres pour les hydrocarbures depuis plus de dix ans.
Le magazine s’interroge sur la capacité de cette nouvelle phase à attirer les géants américains tels que Chevron et ExxonMobil, ainsi que sur un possible retour de British Petroleum (BP).
Cet appel d’offres concerne six blocs terrestres couvrant une superficie de plus de 152 000 km², soit une surface supérieure à celle de l’Angleterre. Ces zones sont riches en ressources pétrolières et gazières.
L’Algérie vise les grandes entreprises pour développer ces ressources.
Le pays espère, à travers cet appel d’offres, stimuler fortement les investissements, notamment après la baisse de la production de pétrole depuis l’entrée en vigueur de l’accord OPEP+ en 2020.
En parallèle, MEES évoque un possible recul du rôle de TotalEnergies, en raison des tensions politiques entre l’Algérie et la France.
Bien que Total poursuive le développement du champ de Tin Foyé Tabankort, son avenir en Algérie semble incertain, selon la même source.
Le magazine indique également que la hausse de la consommation intérieure exerce une pression sur les exportations et réduit les revenus.
En ce qui concerne le gaz, la production a atteint un pic en 2023 avant de commencer à baisser en raison de la demande croissante en énergie sur le marché local.
MEES rappelle par ailleurs l’échec de la précédente ronde de 2014, qui n’avait abouti qu’à l’attribution de 4 blocs sur les 31 proposés.
L’Algérie souhaite éviter un tel scénario en lançant un plan de nouveaux appels d’offres annuels, avec 17 blocs supplémentaires en préparation.
Le gouvernement cherche notamment à séduire Chevron et ExxonMobil, à la suite de rencontres directes avec leurs dirigeants lors du Forum de l’énergie américain.
Les discussions ont également inclus Occidental Petroleum, une entreprise américaine ayant déjà investi en Algérie, malgré une entrée initiale non planifiée sur le marché.
Selon la même source, malgré la baisse de sa production à Berkine, Occidental continue de placer l’Algérie parmi ses priorités, en particulier dans le domaine du gaz de schiste.
Quant à l’italienne Eni, elle est désormais, selon MEES, le principal investisseur étranger en Algérie après avoir acquis les actifs de BP et des parts importantes dans plusieurs projets au sud du pays.
Eni a alloué plus de 8 milliards d’euros d’investissements sur quatre ans, preuve de la confiance qu’elle accorde au marché algérien, d’après la même source.
Il convient de noter que l’appel d’offres international lancé en octobre 2024 a suscité un large intérêt mondial.
Des géants du secteur énergétique venus d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Amérique latine ont participé à la compétition.
Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, avait annoncé le lancement de l’appel d’offres en octobre 2024, précisant qu’il s’inscrivait dans un plan étalé jusqu’en 2028, comprenant cinq cycles d’appels d’offres annuels.