FMI : l’Algérie face au défi du déficit malgré une reprise fragile
Dans son dernier rapport, le Fonds monétaire international (FMI) a révélé que l’économie algérienne poursuit sa reprise après la pandémie de Covid-19, profitant essentiellement de la hausse des prix des hydrocarbures et de l’augmentation des dépenses publiques.
Cependant, ce redressement reste exposé à de nombreux défis, selon le rapport des consultations de l’Article IV, validé par le Conseil exécutif du Fonds via la procédure de « non-objection ».
Le FMI estime que les perspectives économiques à court terme demeurent globalement positives, le secteur non pétrolier étant soutenu par l’investissement public et la demande intérieure. Mais il avertit que la vulnérabilité financière du pays est en hausse, ce qui pourrait menacer la stabilité à moyen terme.
Le risque majeur réside dans la possibilité que les importations et les dépenses extérieures dépassent les recettes en devises de l’État, créant ainsi un déficit du compte extérieur et une pression considérable sur les finances publiques si des réformes profondes et efficaces ne sont pas entreprises.
Ralentissement de la croissance et recul de l’inflation
Selon le rapport, le PIB réel a ralenti, passant de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024, en raison principalement des réductions de production pétrolière décidées dans le cadre de l’OPEP+. En revanche, le secteur non pétrolier a progressé de 4,2 %, soutenu par la demande intérieure et les investissements publics.
Le taux d’inflation a connu une forte baisse, de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024, grâce à l’atténuation des pressions inflationnistes mondiales, notamment sur les denrées alimentaires.
Déficit budgétaire et mesures recommandées
Le rapport fait état d’un bond important du déficit budgétaire, atteignant 13,9 % du PIB en 2024. Pour y faire face, le FMI recommande des mesures d’ajustement représentant environ 5 % du PIB entre 2025 et 2028, afin de contenir la croissance de la dette publique.
Le déficit du commerce et des services a également refait surface en 2024, après plusieurs années d’excédents, conséquence du recul des recettes énergétiques et de l’augmentation des importations.
Les réserves de change restent toutefois à un niveau confortable, atteignant 67,8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 14 mois d’importations. Le FMI recommande néanmoins une plus grande flexibilité du dinar pour absorber les chocs et favoriser la diversification des exportations.
Prévisions 2025
L’économie algérienne devrait enregistrer une croissance de 3,4 % en 2025, soutenue par un allègement des réductions de l’OPEP+ et la stabilisation du secteur énergétique. Le taux d’inflation devrait rester proche de 4 %.
Mais le FMI prévient : sans des réformes fiscales et budgétaires fermes, le déficit public et le déficit du compte courant risquent de s’aggraver. L’institution insiste particulièrement sur une réforme globale du système de subventions, notamment énergétiques, pour libérer des marges budgétaires.
Elle appelle aussi à une amélioration de la gouvernance financière, à l’élargissement de l’assiette fiscale non pétrolière et à l’adoption d’un cadre budgétaire pluriannuel.
Rapport de la Banque d’Algérie
Dans le même temps, la Banque d’Algérie a publié son rapport annuel, confirmant la baisse de l’inflation à 4,40 % fin 2024 contre 7,18 % en 2023. La baisse a concerné surtout l’alimentation, l’habillement, la santé et l’éducation, mais certains postes comme l’ameublement et les équipements ménagers ont connu une hausse marquée (12,15 %).
La Banque a poursuivi ses politiques monétaires restrictives : maintien du taux directeur, absorption de liquidités et interventions massives sur le marché monétaire.
Le rapport révèle aussi une progression de 8,91 % des ressources bancaires (surtout dépôts à vue et à terme) et une augmentation de 5,3 % des crédits à l’économie, principalement au profit du secteur privé.
Le financement islamique a gagné du terrain, avec une hausse de 17 % des dépôts. Quant aux paiements électroniques, malgré la domination du cash, les transactions via terminaux et plateformes en ligne connaissent une croissance significative.