
Face au rejet populaire, Bamako s’apprête à investir Goïta président du Mali sans élections
Dans une démarche consacrant la dictature et écartant le Mali de la voie de la légitimité, ce qu’on appelle le "Conseil des ministres" au Mali a décidé d’accorder à Assimi Goïta, chef du "Conseil militaire", un mandat présidentiel sans passer par des élections.
Le Conseil des ministres malien a soumis un projet de loi visant à octroyer à Goïta un mandat présidentiel d’une durée de cinq ans, renouvelable, à compter de l’année 2025.
Ce projet de loi sera soumis au "Conseil de transition" (l’autorité issue du coup d’État dirigée par Goïta) pour adoption et mise en œuvre.
Les autorités putschistes au Mali ont par ailleurs suspendu les activités des partis politiques et ont organisé des consultations boycottées par l’opposition.
Ces consultations unilatérales ont abouti à des recommandations appelant à la suspension de toutes les procédures électorales.
Rejet populaire de l’investiture de Goïta
Le 3 mai dernier, des centaines de Maliens sont descendus dans la rue lors de la plus grande manifestation depuis la prise du pouvoir par Assimi Goïta.
Ces manifestations répondaient à l’appel d’une coalition de dizaines de partis politiques excédés par les décisions arbitraires des autorités putschistes à Bamako, notamment la dissolution de tous les partis politiques.
Les manifestants devaient initialement se rassembler dans le Palais de la culture à Bamako, mais les forces de sécurité les en ont empêchés, les contraignant à se rassembler devant le bâtiment.
Face à un dispositif sécuritaire imposant, les manifestants ont refusé de se laisser intimider, scandant sans peur : « Non à la dictature », « Vive la démocratie ».
À l’issue de la manifestation, les protestataires ont publié un communiqué dans lequel ils condamnaient fermement toute tentative de restreindre, suspendre ou dissoudre les partis politiques.
Ils ont également rejeté les résultats des consultations organisées les 28 et 30 avril derniers, les qualifiant de non représentatives et donc nulles et non avenues.
Le point le plus contesté par la classe politique malienne reste les recommandations des soi-disant "forces vives de la nation", préconisant la promotion du général Assimi Goïta au poste de président de la République du Mali pour un mandat de cinq ans renouvelable, ainsi que la dissolution de tous les partis politiques.