
Est-ce que Retailleau est satisfait des décisions escalatoires de l’Élysée ?
Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a commenté l’appel du président Emmanuel Macron à rappeler l’ambassadeur de France en Algérie, ainsi que l’expulsion de 12 employés consulaires algériens, en réponse à l’escalade algérienne.
Bruno Retailleau a souligné qu’il avait été le premier à appeler à la fermeté il y a plusieurs mois, et qu’il avait été seul à le faire avant que ce positionnement ne soit adopté par le gouvernement français comme ligne de conduite.
"Au début, j’étais seul à le dire, puis le gouvernement l’a adopté comme ligne de conduite", a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne "CNews". Il a ajouté : "Nous sommes un État, nous sommes une nation. L’État doit être fort, et la nation doit être fière et respectée."
Il a également déclaré : "J’ai toujours pensé qu’avec l’Algérie, nous devons établir une relation fondée sur un équilibre des forces, car les autorités algériennes ont souvent profité de nos faiblesses ou ont fait de la France un bouc émissaire."
En réponse à l’escalade algérienne, le ministre français a estimé que la réponse de Paris était appropriée et conforme à la règle générale des relations internationales, qui repose sur le principe de la réciprocité.
Le porte-parole a précisé que cette crise n’était pas nouvelle et n’était pas liée à la reconnaissance par la France de la "marocanité" du Sahara occidental, mais qu’elle résultait d’une série de crises antérieures.
Il a ajouté : "J’ai appelé à la fermeté car, depuis des années, je constate que la main tendue n’est pas souvent répondue. Je sais que nous avons une histoire tumultueuse avec l’Algérie, mais je n’accepte pas que la France soit méprisée ou humiliée par un autre pays."
Bruno Retailleau a estimé que l’Algérie se trouvait dans une position difficile, avec deux options possibles : "l’escalade ou le dialogue".
Il n’a pas écarté la possibilité pour Paris de recourir à des mesures escalatoires, comme la révision de l’accord de 1968.
La souveraineté algérienne est une ligne rouge
L’Algérie a renforcé sa position en réponse à l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France, en soulignant que sa souveraineté était une ligne rouge.
Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounes Magramane, a exprimé au diplomate français Stéphane Romatet la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises d’inculper et de mettre en détention provisoire un de ses agents consulaires en France dans le cadre d’une enquête sur un prétendu enlèvement d’un dénommé "Amir Boukhors" (Amir Dezad) en 2024.
Il a insisté sur le fait que ce nouvel événement, "inacceptable et injustifiable", nuirait gravement aux relations algéro-françaises et ne contribuerait pas à l’apaisement. Il a souligné que l’Algérie ne comptait pas laisser cette situation sans conséquences et qu’elle protégerait son agent consulaire avec toute la responsabilité et la fermeté nécessaires.
Le ministère des Affaires étrangères a également confirmé que l’Algérie avait pris, de manière souveraine, la décision de considérer 12 employés de l’ambassade de France et de ses consulats en Algérie comme "personnes indésirables", leur demandant de quitter le territoire national dans un délai de 48 heures.
Le communiqué du ministère a précisé : "Cette décision fait suite à l’arrestation publique et médiatisée, effectuée par les services du ministère de l’Intérieur français le 8 avril 2025, d’un agent consulaire d’un pays souverain accrédité en France."
Il a ajouté : "Cette démarche honteuse, qui vise à humilier l’Algérie, a été réalisée en méprisant explicitement le statut diplomatique de cet agent consulaire, sans aucune considération pour les usages et les conventions diplomatiques, et en violation flagrante des accords et traités pertinents."