De la politique à l'économie.. l'Algérie est-elle en train de fermer ses portes aux produits français ?

De la politique à l’économie.. l’Algérie est-elle en train de fermer ses portes aux produits français ?

La crise diplomatique entre l’Algérie et la France n’est pas un simple différend politique passager, mais ses répercussions économiques commencent à se faire sentir de manière tangible sur le terrain.

En effet, les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu un effondrement notable au cours du premier trimestre 2025, comparé à la même période de l’année précédente, selon les statistiques des douanes françaises sur le commerce entre la France et l’Algérie.

Forte baisse des exportations françaises

Les chiffres révèlent que les exportations françaises vers l’Algérie ont été les plus durement touchées, avec un recul de 21 %, passant de 1,255 milliard d’euros au début de 2024 à 992,5 millions d’euros sur la même période en 2025.

Les importations françaises en provenance d’Algérie ont, elles aussi, enregistré une baisse de 3,9 %, passant de 1,42 milliard d’euros à 1,36 milliard d’euros.

Ce recul intervient après des mois de la plus grave crise politique entre les deux pays, déclenchée en juillet 2024, suite à l’annonce par Paris de sa reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental — un geste considéré par l’Algérie comme une provocation directe.

La crise s’est ensuite aggravée à travers des prises de position et des déclarations qui ont accentué le fossé entre les deux capitales.

La France paie le prix fort

Le recul français touche la majorité des secteurs : des machines et équipements aux produits alimentaires (–60 %) et agricoles (–99 %), en passant par les produits laitiers (–98 %), ainsi que les médicaments, cosmétiques, papiers, équipements industriels, produits sidérurgiques, parfums, dispositifs médicaux, produits pharmaceutiques, etc.

Cependant, certains produits ont maintenu leur performance ou même enregistré une hausse, tels que les équipements automobiles, les produits plastiques, les vêtements prêt-à-porter et diverses substances chimiques.

En revanche, les exportations algériennes en hydrocarbures bruts ont connu une légère hausse de 0,3 %, tandis que les carburants raffinés ont chuté de 17,1 % et les produits azotés de 22,7 %.

La France perd progressivement sa place parmi les partenaires de l’Algérie

En 2024, la France était le deuxième fournisseur de l’Algérie (5,2 milliards d’euros), derrière la Chine (11,7 milliards) et devant l’Italie (3,2 milliards). Le même classement avait été enregistré en 2023, mais il pourrait être bouleversé en 2025 si la rupture actuelle se poursuit.

De même, la France occupait toujours la deuxième place parmi les clients de l’Algérie (6,8 milliards d’euros), derrière l’Italie (12 milliards) et devant l’Espagne (6 milliards).

La présence française en recul au salon « Batimatec »

Le salon Batimatec du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics, tenu à Alger en mai, a été marqué par un net recul de la participation française, reflétant la perte d’influence de la France dans ce secteur stratégique.

Jean-Pierre de Buono, président du Club d’affaires pour le développement des entreprises françaises en Algérie, a déclaré au Figaro :

« Comment pouvons-nous rivaliser avec les entreprises turques, alors que l’État turc prend en charge plus de 50 % des frais de participation aux salons internationaux ? Les entreprises françaises, elles, ne bénéficient plus d’aucun soutien. Il faut repenser la politique française du commerce extérieur. L’Algérie, de son côté, n’interdit pas la participation des entreprises françaises. »

Les entreprises françaises venues présenter leurs machines industrielles affirment ne rencontrer aucun problème sur le marché algérien. Le directeur d’une PME a confié au journal :

« Les clients algériens sont très fidèles. Si vous avez de bonnes relations avec eux, ils ne vous abandonneront pas pour les Turcs ou les Chinois, même si leurs prix sont inférieurs de 10 %. »

Michel Bessac ajoute que l’Algérie n’a jamais été un pays facile pour les investisseurs étrangers, mais :

« Ce défi rend l’Algérie inattenduement attractive, car des barrières élevées à l’entrée réduisent la concurrence. »

Il conclut en disant :

« Nous avons besoin de calme et de stabilité, un souhait partagé par les entreprises françaises et algériennes. **Nos relations sont profondes et ne devraient pas être soumises à des calculs électoraux étroits.

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